Le Caravage, Judith et Holopherne

Le tableau en question est une œuvre du célèbre peintre italien Le Caravage, intitulée « Judith et Holopherne ». Cette toile, réalisée au début du XVIIe siècle, représente le moment où Judith, une héroïne biblique, décapite le général assyrien Holopherne.

L’histoire de ce tableau est assez mouvementée. Découvert dans un grenier à Toulouse (France) en 2014, les propriétaires de la maison où il était entreposé ont décidé de le faire expertiser, et les premières analyses ont montré qu’il pourrait s’agir d’une véritable œuvre du Caravage.

Cependant, les experts ne se sont pas accordés à l’unanimité sur l’authenticité du tableau. Certains ont émis des doutes, arguant que l’œuvre présentait des imperfections et des incohérences stylistiques qui laissaient penser qu’elle pourrait être une copie ou une imitation.

Malgré ces réserves, le tableau a été mis aux enchères chez Marc Labarbe, un commissaire-priseur toulousain, en juin 2019. Avant même le début de la cette vente, cette toile à finalement été acheté de gré à gré par un collectionneur américain pour une somme non-officiellement communiquée de plus de 100 millions d’euros.

Le Caravage, Judith et Holopherne, v. 1607, 144 x 173,5 cm © Cabinet Turquin.

La position de l’état français sur cette découverte

Dans le journal Le Point, Éric Turquin, l’expert ayant authentifié depuis le début cette œuvre, déclare avoir un regret. « Le regret de ne pas avoir reçu bon accueil dans mon pays de la part de gens dont je suis très proche. » Il n’a pas compris l’attitude du Louvre. Après que le ministère de la Culture a déclaré le tableau «  trésor national  », en mars 2016, empêchant toute sortie du territoire pendant trente mois, le musée n’a manifesté aucun intérêt envers le tableau.

Or avant même cette décision, les spécialistes du Louvre et son directeur Jean-Louis Martinez ont vu à trois reprises le tableau, qui était alors dans la chambre d’Éric Turquin. Selon ce dernier, ils étaient enthousiastes, même s’ils laissaient entendre qu’ils n’avaient pas les moyens de l’acheter. Turquin n’a pas compris pourquoi Pierre Rosenberg, ancien président du Louvre, après avoir mis tout son poids dans la balance pour que la commission des trésors nationaux « classe » le tableau, émette ensuite des doutes sur son attribution au Caravage.

Pendant trente mois, le Louvre a eu tout loisir d’examiner sous toutes ses coutures le tableau, d’organiser des confrontations, des débats. Il s’en est tenu au strict minimum, l’a délaissé. Aucune passion n’a été manifestée autour d’un tableau que même les experts refusant de l’attribuer au Caravage reconnaissent comme un chef-d’œuvre. « À Londres, nous avons eu un superbe accueil et à New York un accueil encore meilleur », dit Éric Turquin. La France, elle, a tourné le dos au tableau. « Une attitude qui, pour moi, a été difficile à vivre. »